Mimizan avenir

Cour régionale des comptes : la délégation de service public CAMPINGS

Cour régionale des comptes : la délégation de service public CAMPINGS

Quand on veut noyer son chien on l’accuse de la rage.

En conseil municipal, pour justifier le choix de confier au privé la gestion des campings municipaux gérés jusque-là en régie,  vous avez une description accablante de ces campings :

« Déficit chronique du camping du lac, baisse constante de la fréquentation du camping de la plage, équilibre économique de ces campings menacé, faiblesse de la qualité de l’offre de services. »

Quelle était la réalité financière reprise par la Cour régionale des comptes (CRC) en page 57 ? En 2016, les campings de Mimizan affichaient une bonne santé financière avec un excédent brut d’exploitation de 762 K € et une capacité de désendettement de trois ans. Ils avaient donc tout à fait les capacités de se moderniser avec des ratios de santé financière de cette qualité sans que cela impacte le budget général de la commune.

Le choix fait par la commune a bien été dogmatique et non pragmatique.

Quels sont aujourd’hui les résultats de ce transfert de gestion en qualité de service rendu et d’un point de vue financier pour la collectivité ?

Il faut rappeler au préalable que tous les ans, le budget annexe des campings reversait avant délégation de service public (DSP) l’équivalent de la part fixe que verse aujourd’hui le délégataire à travers le loyer et les travaux faits par les équipes techniques de la commune. La part fixe n’est donc pas une recette nouvelle pour la commune depuis la DSP.

La seule recette nouvelle est la part variable qui s’élève à 230 K € sur la période 2017-2020, soit en moyenne annuelle, moins de 60 K €.

En contrepartie, quelles sont les dépenses supplémentaires que la commune a dû assumer ?  Je ne reviendrai pas sur l’offre chimérique de reprise des emprunts, avec une somme supérieure au capital restant dû, morte née face aux indemnités actuarielles demandées par le prêteur. La dette est toujours dans l’encours de la commune même si le délégataire rembourse pour l’instant les annuités.

En revanche, les agents rémunérés sur le budget annexe n’ayant pas souhaité rester dans les campings sont devenus des agents rémunérés par le budget principal de la commune. Cette dépense cumulée sur les quatre exercices peut être valorisée à près de 600 K €. En conséquence, d’un point de vue purement financier, l’opération est loin d’être bénéficiaire pour la commune.

D’un point de vue de la fréquentation qu’en est-il ?

Avant la DSP :

  • le camping de la plage enregistrait 125 000 nuitées, pour 76 000 en 2019 ;
  • le camping du lac avant 44 000 après 29 000.

À la lecture de ces chiffres, on ne peut pas considérer que la DSP ait boosté la fréquentation touristique. Par contre, le compte administratif du délégataire a fortement progressé de plus de 35 % par une augmentation substantielle des tarifs d’hébergement. Baisse de la fréquentation, appauvrissement financier de la commune au regard des flux financiers enregistrés dans les budgets communaux. Bilan peu flatteur d’une DSP qui ne profite qu’au délégataire et qui est mis en lumière par la CRC.

Les idéologues ne sont pas toujours ceux que l’on pense.

 

Xavier FORTINON

 

 

(Crédit photo : Camping and co)

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