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Friche de Vigon : un exemple riche d’enseignements

Friche de Vigon : un exemple riche d’enseignements

Chaque habitant passant au rond-point de Vigon s’interroge légitimement sur la résidence qui semble totalement abandonnée et cela depuis plus de quatre ans. Inévitablement, cette situation génère moult commentaires et interprétations. C’est la raison pour laquelle, après avoir pris l’attache des personnes en prise directe avec le sujet, Mimizan Avenir souhaite faire le point de cette situation et ébaucher des perspectives.

Comment en est-on arrivé là ?

Petit rappel historique :

  • en 2018, la commune de Mimizan, dirigée en cette période par Christian Plantier, a délivré un permis de construire pour la réalisation d’un bâtiment collectif de 20 logements, de 14 villas à destination sociale et de 6 villas vendues à des particuliers. Le détenteur de ce permis de construire était le promoteur M. Durieu de Toulouse qui avait créé à cet effet une SCCV ( Société civile de construction vente), dénommée Aura, pour réaliser en VEFA (Vente en état futur d’achèvement) l’ensemble de l’opération. XLHabitat (*) avait contracté avec le promoteur pour les 34 logements à destination sociale.

    Les défaillances successives de l’entreprise générale et du promoteur ont en cascade mis des particuliers (futurs locataires et futurs propriétaires) dans une situation pour le moins inconfortable.

  • Initialement, l’opération devait être livrée en septembre 2019, délai reporté à juin 2021 du fait des retards liés au confinement. Or, l’entreprise générale en charge des travaux (ATHENA) ayant été mise en liquidation judiciaire début 2021, l’opération est à l’arrêt depuis avril 2021, alors que les logements avaient été attribués. Les défaillances successives de l’entreprise générale et du promoteur ont en cascade mis des particuliers (futurs locataires et futurs propriétaires) dans une situation pour le moins inconfortable.
  • Malgré de nombreuses actions menées auprès du promoteur pour qu’il reprenne le chantier, rien ne bougea, le promoteur faisant la sourde oreille. Début 2022, XLHabitat, par le biais de son avocat, a procédé à la mise en demeure de reprise du chantier et à la demande de versement d’indemnités pour préjudice : sans suite.
  • XLHabitat a alors appelé la société  chargée d’assurer en garantie d’achèvement l’opération pour prendre en  main l’achèvement des travaux. Cette société d’assurance était, elle aussi, en cessation de paiement.
  • XLHabitat a engagé un référé pour que le tribunal désigne un expert afin de définir le montant des travaux pour achever l’opération. Le promoteur était toujours absent lors de l’expertise du 11 octobre 2022 au cours de laquelle l’expert a pu constater que le chantier avait été vandalisé. Il a alors sollicité le tribunal pour sécuriser les différents logements (ordonnance du 23 novembre 2022).

    Le chantier a été vandalisé.

  • En début 2023, après l’échec d’un accord avec le promoteur, XLHabitat a fait exécuter une requête aux fins de saisie conservatoire de la SCCV AURA après avoir diligenté un architecte pour évaluer les travaux restant à réaliser. Ils s’élevaient à 1 280 000 €, alors qu’ XLHabitat avait réglé 90 % de la VEFA, soit 3 407 513 €, et que, normalement, il ne lui restait que 378 611 € à régler lors de la livraison des logements.
  • Fin 2023, le 23 novembre précisément, la SCCV AURA a été jugée en liquidation et un liquidateur judiciaire a été nommé auquel XLHabitat a transmis sa créance. Un expert judiciaire a été également désigné.

 

Reprise par XLHabitat

  • Ce n’est que le 4 novembre 2024 que XLHabitat, sur la base d’un accord transactionnel signé avec les mandataires de la liquidation de la SCCV AURA, a obtenu la pleine propriété en l’état des bâtis ; les voiries et réseaux divers (VRD) ne faisant pas partie de cet accord transactionnel. En conséquence, XLHabitat a pu nettoyer et sécuriser le site en début 2025.
  • Parallèlement, l’expert judiciaire a provoqué une réunion en février 2025 afin de finaliser son rapport qu’il a remis le 26 juin 2025. Ce dernier fait état des chiffrages suivants : VRD : 362 000 €, travaux d’achèvement des logements collectifs 1 280 000 €, finition des 14 villas 970 000 €, soit un total HT de 2 612 000 €.

    XLHabitat a pu nettoyer et sécuriser le site en début 2025.

  • Le conseil d’administration d’XLHabitat du 23 juin a validé le principe de récupération des VRD conditionné par la liquidatrice par l’achat par XLHabitat des trois maisons qui n’avaient pas fait l’objet d’un contrat de VEFA.
  • Il semblerait qu’XLHabitat puisse dorénavant reprendre le chantier de cette opération avec un surcoût financier significatif. Il a programmé les interventions suivantes :
    durant l’été 2025 : diagnostics des structures, passage caméra dans les réseaux, rendez-vous avec le service urbanisme de la Mairie pour autorisation d’urbanisme.
    – selon le nouvel architecte du projet, le planning prévisionnel, après toutes les consultations règlementaires au titre des marchés publics, serait un démarrage des travaux de VRD en janvier 2026 et début des travaux des bâtiments au printemps 2026 pour une durée de 12 mois.

    Le planning prévisionnel, après toutes les consultations règlementaires au titre des marchés publics, serait un démarrage des travaux de VRD en janvier 2026 et début des travaux des bâtiments au printemps 2026 pour une durée de 12 mois.

  • Nous espérons que, grâce au volontarisme d’XLHabitat et des acquéreurs de trois des maisons individuelles, cette friche ne sera qu’un mauvais souvenir et que cette opération remplira sa fonction : apporter une réponse en termes de logement permanent à 40 familles dans le courant de 2027.

 

Quels enseignements ?

En conclusion, on peut constater tous les dégâts de la faillite d’une entreprise dans une opération immobilière. Privilégier à tout crin la promotion privée conduit parfois aux égarements que nous connaissons avec la résidence de Vigon. Et, quand on dit que les opérateurs privés prennent des risques et qu’en conséquence il est normal que leur rémunération soit à la hauteur de ces risques, la démonstration est faite que les ennuis in fine sont pour la collectivité, ses habitants, qui ont à subir une friche durant tant d’années, les acquéreurs des opérations et ceux qui doivent payer pour réparer. Sans parler de ceux qui avaient un logement attribué en 2021 et qui, pour certains, se sont trouvés en grande difficulté.

Cette opération devrait remplir sa fonction : apporter une réponse en termes de logement permanent à 40 familles dans le courant de 2027.

Penser que c’est le marché qui apporte toutes les réponses est une fois de plus démenti. Mais combien faudra t-il d’exemples de ce type pour démontrer que la régulation par les pouvoirs publics, tant sur le foncier que sur l’immobilier, est nécessaire pour limiter la spéculation et rendre accessible le logement au plus grand nombre ?

 

MIMIZAN AVENIR

(*) XLHabitat est l’Office public de l’habitat du département des Landes.

Photos : © MIMIZAN AVENIR

Derniers commentaires

  • Caule yves
    20 août 2025 at 12 h 37 min Répondre

    Quel gâchis !

  • Ducom francis
    23 août 2025 at 16 h 41 min Répondre

    Grand merci pour ces excellentes précisions permettant de mieux comprendre le déroulement de cette malheureuse affaire ainsi que son désastreux résultat . Nous souhaitons aussi que ces dernières fassent cesser de mauvaises rumeurs inappropriées .

  • Jean-Marc Dedulle
    24 août 2025 at 10 h 48 min Répondre

    C’est une belle arnaque financière. Qui a choisi un promoteur qui venait de Toulouse ! La compagnie d’assurance qui fait faillite ! Du jamais vu .
    La charge financière restante est au département via vos impôts. Monsieur Durieu s’en sort très bien. Donc chaque habitants va payer les pots cassés 2,6 M€ tout de même. Du grand n’importe quoi.
    Mais tout cela n’est pas terminé, on attend de voir la suite …

    • Mimizan Avenir
      25 août 2025 at 15 h 36 min Répondre

      Initialement le terrain appartenait à un propriétaire privé qui avait tout loisir de choisir l’opérateur de son choix, qui lui faisait certainement la meilleure offre d’achat. Ensuite, c’est la commune qui a délivré le permis de construire selon les règles en vigueur du Plan local d’urbanisme (PLU). Mais, contrairement à ce qui est souvent véhiculé, les opérateurs privés, par le biais de société de projet dédiée, peuvent planter une opération sans que cela ait obligatoirement de grosses conséquences pour eux à titre individuel par la législation sur les faillites. En revanche, dans votre affirmation sur le fait que ce soit le département et les impôts des citoyens qui devront couvrir cette faillite et le surcoût évoqué, il est bon de préciser certaines choses. XLHabitat est bien l’Office départemental HLM, mais ses opérations sont majoritairement à près de 90 % financées par emprunts auprès de la Caisse des dépôts et consignations. En effet, en France, le modèle de constructions de logements à caractère abordables est financé par le Livret A. Contrairement à ce que pensent beaucoup, ce sont les loyers des locataires qui couvrent les remboursements d’emprunts. Les ressources d’XLHabitat, comme celles de tous les bailleurs sociaux de ce pays, sont assurées par les habitants des logements sociaux et non par les contribuables.

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