Mimizan avenir

Cas sociaux, logement social, rumeurs et solidarité

Cas sociaux, logement social, rumeurs et solidarité

Michèle PÉRIER, 7e adjointe au maire, chargée de la culture et de l’inclusion (handicap), nous livre une réflexion sur l’appellation des « cas sociaux » et la stigmatisation dont les citoyens les plus fragiles font l’objet sur notre territoire.

On me dit que la mairie de Mimizan fait tout pour les cas sociaux et rien pour les locaux.

0n me dit que la mairie distribue des bons CAF pour que des cas sociaux viennent en vacances à Mimizan.

Première question que je me pose : « Qu’est-ce un cas social ? »

Si on prend les définitions glanées sur la toile… les cas sociaux, ce sont d’abord « des personnes qui sont dans une situation grave nécessitant une prise en charge de la collectivité ».

Effectivement, c’est à la collectivité de jouer son rôle d’inclusion, de pallier les inégalités et d’essayer, grâce aux services publics, de tirer vers le haut ces personnes, pour ne pas les laisser sur le bord de la route… On ne naît pas tous égaux, les services publics, la collectivité doivent équilibrer les chances de chacun, pour que – par exemple – chacun puisse avoir accès à la même qualité d’enseignement.

Au siècle dernier, l’ascenseur social existait, certaines communes (même modestes) n’hésitaient pas, pour des enfants méritants, de payer les écoles, d’attribuer des bourses pour que certains accèdent à des niveaux supérieurs. Cela n’existe plus et la France est un des pays où les inégalités sociales perdurent malgré le système scolaire…

Un cas social, c’est aussi une personne à problèmes (pauvreté, déficit intellectuel…) qui vit en marge de la société.
Ces personnes connaissent des difficultés de handicap, de freins personnels : souvent la santé, les contraintes familiales, le manque de véhicule, de permis – et donc peu de mobilité –, l’illectronisme, donc pas d’accès aux droits. Pour peu que la famille soit loin, ces personnes sont en plus, isolées, car quand on perçoit les minima sociaux, peu de moyens de rencontres, il n’est pas facile d’aller vers les autres et les autres viennent rarement à vous.

Les logements sociaux de Mimizan  seraient réservés à ces personnes qui seraient des  inactifs et des profiteurs ! Xavier Fortinon, Thierry Caule et Marie-France Delest nous ont démontré dans les articles précédents que la réalité est tout autre.

Je n’y reviendrai pas, mais l’état du marché immobilier sur la côte landaise, la pénurie de loyers à l’année dans le parc privé et la décohabitation font exploser les demandes de logement social dans notre commune et ce sont essentiellement, statistiquement, des locataires issus de la communauté de communes qui habitent dans le parc social mimizannais.

Quand la mairie de Mimizan va accueillir des résidences à Bail réel solidaire (BRS), n’est-ce pas pour loger les primo-accédants, les personnes qui se séparent, les familles modestes mais capables d’emprunter et qui souhaitent vivre à Mimizan parce qu’elles y travaillent ?

Je ne comprends pas pourquoi on s’acharne, comme ça, sur une catégorie de nos concitoyens, et que leur reproche-t-on ?

Peut-être qu’avant on appelait ces personnes « les pauvres » tout simplement, on les plaignait, mais dans cette terminologie de cas sociaux, il y a un côté péjoratif et définitif.

Apparemment, il n’est pas bon en être un, car ce sont des personnes peu recommandables, qui profiteraient d’un système d’allocations très favorable.

Des allocations de toutes sortes seraient versées sans effort du bénéficiaire.

Imaginez ! Percevoir le Revenu de solidarité active (RSA) quand on est seul, vivre avec 607 € par mois, quel luxe ! Vivre toute une vie avec une Allocation adulte handicapé (AAH) de 900 € car on est inapte au travail et qu’on ne pourra jamais travailler pour augmenter ses revenus !

Et les mêmes qui répandaient la rumeur de l’installation d’habitants d’un quartier de Mont-de-Marsan sur notre commune, continuent à dire que la mairie de Mimizan distribue des bons CAF à des cas sociaux du Nord de la France, pour qu’ils viennent en vacances à Mimizan.

Alors, rendons à César ce qui appartient à César, les bons CAF qui maintenant s’appellent l’Aide aux vacances aux familles (AVF) sont distribuées par… la CAF ! Et sont échangeables dans des centres de vacances ou campings ou Villages vacances. Donc la mairie de Mimizan ne peut pas intervenir dans ce dispositif.

Cela nous rassure d’appeler les autres « les cas  sociaux ». Mais, attention ! Notre situation sociale n’est pas définitive et on peut à tout moment avoir besoin de l’aide sociale et de la collectivité.

On nous avait promis, après la Covid, une autre société, d’autres aspirations, d’autres valeurs ; malheureusement, ce sont toujours les plus faibles sur lesquels on s’acharne et que l’on stigmatise.

 

 

Photo de Mohan Nannapaneni – Pexels.com

Derniers commentaires

  • Retegui Patricia
    1 août 2023 at 13 h 51 min Répondre

    Bonjour, moi perso suis d accord que l on aide les gens en difficulté car se loger même en travaillant devient très difficile mais à condition qu’ils le rendent à la société et qu’ils mettent du leur pour se sortir de telles situations . Ce qui m’interpelle, c est le fait qu’on donne le RSA alors que nombre d emplois restent inoccupés, au sein de notre commune, et ne me parlez pas de formation, l envie et la détermination suffisent pour en occuper certains. Mais malheureusement en acceptant ces emplois certains perdent les aides, donc il faut revaloriser le travail ..

    • Mimizan Avenir
      3 août 2023 at 8 h 30 min Répondre

      Madame,
      Je comprends tout à fait votre point de vue, quand on voit le nombre de postes à pourvoir un peu partout, on se dit « mais pourquoi les bénéficiaires du RSA ne travaillent toujours pas ?  »
      Pour percevoir le RSA, il faut signer un Contrat d’engagement réciproque (CER), sur lequel le futur bénéficiaire va s’engager sur des actions à mener : des démarches de recherche d’emploi à effectuer, des soins à accepter, une orientation à définir, une création d’entreprise à mener… ce contrat est suivi soit par un conseiller de Pôle emploi, soit par un travailleur social du département. Les bénéficiaires du RSA font des démarches de recherche d’emploi, ils sont contraints, s’ils ne respectent pas leurs obligations, leurs allocations cessent. Une fois le RSA obtenu, les déclarations de revenus doivent se faire tous les 3 mois pour vérifier l’éligibilité à cette allocation.
      Si certains ne travaillent pas, c’est aussi parce que personne ne veut les embaucher ! Quand on perçoit le RSA, c’est aussi parce que l’on cumule les freins, santé, addictions, mauvaise estime de soi, isolement…
      Mais j’en conviens, comme dans tout système, certains en abusent et parfois trichent, mais sachez que de plus en plus de contrôles sont réalisés.
      Et soyez rassurée, heureusement, certains retrouvent un emploi et sortent du dispositif des aides sociales.
      Alors, s’il vous plait, ne tombons pas dans la stigmatisation des bénéficiaires du RSA, comme nous le souffle notre gouvernement en insinuant que toutes ces personnes vivent en marge, aux frais de la société !
      Et je suis tout à fait d’accord avec vous, il faut valoriser le travail, redonner le goût de l’effort en s’assurant que le travail permette de vivre décemment.
      Merci de votre commentaire.

      Michèle Périer

  • Isabelle Wackenier
    3 août 2023 at 10 h 52 min Répondre

    Pour contrer ces préjugés et stigmatisations des personnes en situation de précarité et de pauvreté, je recommande un petit livre, écrit par ATD-Quart Monde : « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté », aux éditions de l’Atelier (nouvelle édition 2020). Il défait plus de 130 « idées fausses » sur la pauvreté : https://editionsatelier.com/boutique/democratie-citoyennete-inclusion-/64-en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete–9782708246270.html

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